SUR LES
TRACES DU PASSE DE REICHSHOFFEN

HISTOIRE
"DE DIETRICH"

Remorque
du tramway de Strasbourg conçue et réalisée par
l'usine De Dietrich Reichshoffen.
Jusqu'en
1870, la firme De Dietrich avait réussi à se
développer en délaissant progressivement son ancien
métier, la production de fonte et de fers marchands,
pour la construction de matériel ferroviaire (avec un
catalogue déjà très étendu). Après l'annexion de
1870, les Dietrich choisirent, contrairement à d'autres
entrepreneurs alsaciens, de rester sur place. Ce choix
les obligea à diversifier considérablement leurs
fabrications pour s'adapter à un marché allemand qui
les excluait largement du domaine du matériel
ferroviaire. D'un groupe dépendant presque exclusivement
du chemin de fer, l'entreprise devint un atelier
polyvalent, en prise sur des marchés très variés,
allant des biens de consommation durables à
l'équipement urbain ou industriel.
C'est durant cette période que se manifesta avec
netteté la logique qui inspirait le développement de
l'entreprise : une logique de site, plutôt qu'une
logique de produit. L'objectif de stabilité
géographique fut atteint grâce à une grande mobilité
dans des métiers successifs. Les produits passaient,
mais l'entreprise restait. Pour parvenir à se convertir
aussi souvent et à se diversifier à ce point,
l'entreprise dut acheter de nombreux brevets, multiplier
les expériences de production à petite échelle,
investir fréquemment dans de nouvelles installations, et
savoir compter avec les risques d'échecs avant de
trouver les fabrications susceptibles d'assurer les plans
de charge futurs.
Cette orientation fut encore renforcée après la
Première Guerre Mondiale, lorsque la direction de
l'entreprise fut partagée entre cinq cousins, chacun
étant responsable d'un domaine précis. Cette
orientation se justifiait comme moyen de valoriser au
maximum un capital hérité, de maintenir l'emploi dans
un canton rural et de compenser les risques
conjoncturels. Elle pouvait s'appuyer sur la stabilité
d'une main-d'oeuvre formée sur place dans des métiers
très divers et détenant des compétences étendues.
Source : Michel HAU Professeur d'histoire
contemporaine à l'université des Sciences Humaines de
Strasbourg.

L'usine de Dietrich Reichshoffen vers 1931, quelques
années avant les bombardements de 1944.
LA
VIE DE CHATEAU

Premier Château de Reichshoffen selon une peinture
anonyme.
Le château de Reichshoffen est un lieu chargé
d'histoire. Ce beau site, entouré d'un parc magnifique
et baigné par le Shwartzbach et le Falkensteinbach, a
marqué à deux reprises l'histoire des Dietrich. D'abord
au XVIIIe siècle, lorsque Jean de Dietrich acheta la
seigneurie de Reichshoffen, ensuite en 1950 lorsque le
château devint propriété de la Société "DE
DIETRICH". Voici quelques événements que
pourraient raconter les pierres du château...
En 1232 :
Mattheus, duc de Lorraine, soucieux du salut de son âme,
offre en fief le village de Reichshoffen dont il est
propriétaire à l'évêque de Strasbourg. Peu après, le
village est élevé à la dignité d'une ville et enrichi
d'un château dont la garde est successivement confiée
à divers seigneurs; au cours des siècles, le château
changea souvent de propriétaires.
En 1761 :
Jean de Dietrich achète la seigneurie de Reichshoffen
(avec son château en ruine) à François de Lorraine,
devenu empereur d'Allemagne par son mariage avec
Marie-Thérèse d'Autriche.
En 1769 :
Le nouveau seigneur de Reichshoffen fait démolir les
ruines du vieux "burg" et construire un
château moderne : corps de logis flanqué de deux ailes
en retour, façades ajourées de hautes baies à petits
carreaux, toitures à mansarde. Cinq projets se
succèdent : Jean de Dietrich juge les quatre premiers
"trop princiers" et retient celui de Joseph
Massol, architecte de l'Evêché de Strasbourg.
En 1770 :
La construction démarre et avance rapidement sous les
ordres du maître maçon Christian G'Styr.
En 1789 :
La Révolution Française met fin à la vie animée du
château où se sont succédées pendant dix années
fêtes et réceptions.
En 1793 :
Jean de Dietrich est emprisonné et ses biens mis sous
séquestre.
En 1795 :
Les biens familiaux séquestrés sont libérés après la
mort de Jean de Dietrich.
En 1803 :
Le château et le parc sont mis en vente par Jean-Albert,
le petit-fils de Jean de Dietrich qui tente de sauver les
forges en proie à de sérieuses difficultés
financières. Ils sont acquis à un prix dérisoire par
François Mathieu de Favier, déjà propriétaire du
château d'Oberbronn.
En 1807 :
Mathieu de Favier fait démolir le bâtiment d'entrée
qui est remplacé par deux balcons placés aux
extrémités des ailes.
En 1811 :
Mathieu de Favier revend le château à Paul-Athanase
Renouard de Bussière, banquier à Strasbourg.
En 1812 :
Renouard de Bussière fait démolir l'aile sud pour
apporter plus de clarté à la cour et modifie
l'aménagement intérieur.
En 1856 :
Marie, la petite-fille de Paul-Athanase Renouard de
Bussière, épouse le comte Paul de Leusse. La
propriété est transférée à cette famille.
En 1865 :
Paul de Leusse, le nouveau châtelain, est élu maire de
Reichshoffen.
En août 1870 :
Le Maréchal de Mac Mahon, qui vient de concentrer son
corps d'armée à Reichshoffen, établit son quartier
général au château. Après la défaite sanglante des
Cuirassiers, le château sert d'hôpital de fortune.
En 1871 :
Paul de Leusse opte pour la nationalité française ; ce
choix lui interdit désormais de séjourner à
Reichshoffen plus de six mois par an. La famille de
Leusse "s'exile" à Cannes et jusqu'en 1918
habitera au Château d'avril à novembre.
En 1918 :
Jean de Leusse, le fils de Paul, rejoint Reichshoffen et
emménage au château.
En 1933 :
Les façades et la toiture du château sont classées
"Monument historique".
Le 31 décembre 1939 :
Le château est incendié suite aux imprudences commises
par des soldats qui s'y trouvent en cantonnement
(l'incendie est provoqué par un braséro installé, sans
protection, sur le plancher dans les combles). La famille
de Leusse évacue le château.
En 1940 :
Le château entier est classé "Monument
historique".
En 1950 :
La société De Dietrich devient propriétaire du
château et du parc.
En 1951 :
Démarrage des travaux de restauration du château
d'après les anciens plans, avec la participation des
Beaux Arts.
En 1967 :
Le château devient le siège de la "direction
générale de la société" avec l'emménagement
d'une partie de l'Administration Centrale, jusqu'alors
installée à Niederbronn.
En 1996 :
Le château devient également le siège de la nouvelle
"Association De Dietrich" .
Aujourd'hui :
Dans le sous-sol du château sont conservées les
archives DE DIETRICH de plus de 54000 plans et 1200
plaques photographiques, avec également des plans
automobiles inspirés par ETTORE BUGATTI.
Source
: société DE DIETRICH

Un timbre représentant la première présentation de
la Marseillaise à Strasbourg devant le Baron De
Dietrich.
Le 25 avril 1992 Rouget de Lisle chante la Marseillaise
chez Philippe-Frédéric de DIETRICH
(tableau d'Isidore PILS de 1849 - collection SB).

La
première voiture à Reichshoffen (vers 1896-1897), dans
la rue de la Liberté à la hauteur de l'école.
Il s'agit de la voiture du Dr Marzollf, construite par
les établissements De Dietrich à Lunévile.
(source
: plaquette du centenaire de l'école du Centre)

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