SUR LES TRACES DU PASSE DE REICHSHOFFEN
mise à jour le 22/02/2004

LA MEMOIRE JUIVE




UN PEUPLE SANS REPOS !


A Reichshoffen, le peuple Juif s'est installé depuis plus de 500 ans !

La première mention des juifs résidents à Reichshoffen date du 15 février 1473 sous la forme d'une reconnaissance de dette d'un agriculteur qui déclarait devoir au Juif Mathis de la commune une somme de quatre florins. La communauté juive est sûrement plus ancienne.
Sachant que la présence de juifs en France remonte à l'antiquité.
Au Moyen-Âge, de nombreuses communautés juives bien intégrées se développent, comme en témoigne la "Rue des juifs" à Reichshoffen.



Cependant, les juifs ne sont pas toujours bien tolérés.
Diverses mesures aboutissent en 1394 à l'expulsion des juifs du Royaume de France.

L'Alsace comptait au Moyen-Âge de nombreuses communautés juives.
Après l'annexion de l'Alsace à la France sous Louis XIV en 1648, ils durent payer tous les ans une lourde taxe royale pour jouir de la protection du roi et une forte taxe seigneuriale au titre du « droit de tolérance », c'est-à-dire du droit de résider dans la seigneurie.


Le manuscrit, achevé en 1635, d'Ascher LEVY nous plonge dans l'ambiance de l'époque - voir la rubrique « Les mémoires d'Ascher LEVY ».


Manuscrit d'Ascher LEVY écrit en Hébreux.

Un document épiscopal de 1693 parle de huit familles juives « lm Stätlein Reichshoffen ».
Le livre terrier de 1720 permet de constater que leur habitat était un regroupement géographique dans ce qui s'appelle aujourd'hui encore la rue des Juifs.

Les Juifs n'ont jamais eu la vie facile à Reichshoffen où l'antijudaïsme (l'antijudaïsme est un terme essentiellement chrétien marquant l'hostilité vis à vis de la religion juive) a également sévi, plus tard relayé par l'antisémitisme (on entend par antisémitisme une attitude d’hostilité à l’égard des minorités juives, quel que soit le motif de cette hostilité)
. Tous les moyens étaient bons pour dissuader les Juifs de s'installer à Reichshoffen mais ce peuple habitué à la souffrance ne se décourage pas dans ces situations : nombreuses requêtes du Conseil municipal aux autorités pour en limiter le nombre, interdiction de pratique du culte en public, vexations. On alla même jusqu'à chasser leurs chèvres des pâturages communaux.


LES DEUX SYNAGOGUES

Durant la période 1802 à 1905, les israélites se dotent peu à peu des édifices nécessaires à l'exercice du culte
(avant le peuple juif a dû se retrouver de façon clandestine dans les maisons des particuliers).
En juin 1701 l'abbé de Camilly se plaignit auprès du Père Lachaise, confesseur du roi Louis XIV, de ce que les Juifs de Reichshoffen exerçaient publiquement leur culte. Il fut débouté. En effet, dès le XVIème siècle, « les Juifs obtinrent l'autorisation de prier en commun, à condition que tout se passe discrètement ». Le culte se déroulait dans une synagogue située 4 rue des Juifs, à l'emplacement de l'actuel fournil "Backstub" de la boulangerie Krebs.


Emplacement de la première synagogue de Reichshoffen.



Elle disparut dans les flammes le 5 juillet 1862. Compte tenu du nombre de résidents juifs à cette époque (environ 250 personnes),
cette synagogue était très petite aux dimensions de 7,50m x 7,50m pour les hommes et un espace de 5m x 5m réservé pour les femmes.
Une lettre envoyée par la Communauté juive de "Bas-Rhin" le 15 juillet 1844 dans laquelle nous pouvons lire que l'ancienne synagogue était très petite.



Apparaissent des édifices de style hispano-mauresque (le terme «hispano-mauresque» recouvre les formes prises par l'art musulman, cet art s'inspire, du plan rectangulaire syrien; à l'intérieur une grande salle, déploie un nombre considérable d'arcs outrepassés en fer à cheval) censés mieux représenter le judaïsme mais qui témoignent aussi de la vogue architecturale de l'époque. Albert Haas est l'un des précurseurs de ce style orientaliste avec la synagogue de Reichshoffen en 1852.
A Reichshoffen, l'actuelle synagogue située dans la rue du même nom, avec ses ouvertures en arcs outrepassés, dans le style hispano-mauresque, fut construite en 1851 et inaugurée l'année suivante. Elle mesure 17,30 m de long sur 10,75 m de large. Elle est précédée d'un vestibule long de 8,35 m et de 2,55 m de large. Elle possède une abside carrée de 3,80 m de côté renfermant l'Armoire sainte. Sur les murs intérieurs figurent six petites fresques représentant les principales fêtes juives.
Les Juifs étaient enterrés au cimetière israélite de la commune voisine, Gundershoffen.


Inauguration officielle du rouleau de la loi à la synagogue de Reichshoffen en 1852.


Le « Miqvé », bain rituel juif, est situé au n° 2 de la rue de la Fontaine, anciennement Heckersbrunnengass, à côté de l'auberge « Au Canon ».
Son fonctionnement était strictement réglementé.


La synagogue menacée de disparaître en 1940 !
La défaite de 1870 provoqua l'exode des Juifs vers la « Vieille France ». Lorsque la législation allemande fut introduite en Alsace le 13 juillet 1940, presque tous les Israélites avaient quitté la région. Leurs biens furent mis sous séquestre et vendus. Dans leur haine raciale les Nazis voulurent effacer toute trace d'une présence juive à Reichshoffen. La synagogue fut vandalisée, on tenta même d'y mettre le feu.
« Selon nos traditions, une communauté n'existe qu'aussi longtemps qu'il se trouve dix fidèles (pour former un "minyan") de sexe masculin âgés de plus de 13 ans » précise Robert Weyl dans l'article « Les Juifs à Rosheim ». Au recensement de 1962 figuraient encore 13 personnes juives. En 1967 avec le décès du ministre officiant Yvan Lang, il n'y eut plus de culte à la synagogue.
La communauté israélite de Reichshoffen s'éteignit mais les grands souvenirs demeurent.



Plaque en mémoire de Maurice DREYFUS sur la synagogue de Reichshoffen.


Durant la seconde guerre mondiale, contrairement à d'autres pays, la France offre aux juifs certaines possibilités d'échapper au pire : l'existence pendant un temps de la "zone libre" et l'exode de nombreux Français lors de l'invasion allemande, de réelles solidarités de la part de non juifs, permettent à de nombreux juifs de se dissimuler et de traverser la guerre sains et saufs. A Reichshoffen une telle solidarité est restée discrète !

Le Mikvé (bain rituel) était localisée rue de la Fontaine (près du restaurant Jung). Aujourd'hui, il n'y a plus de juifs pour prendre soin des dernières traces ou pour remettre en état le bâtiment de célébration. D'ailleurs la synagogue est classée monument historique.


La synagogue de Reichshoffen dans son état actuel (vers 2004).


LA COMMUNAUTE JUIVE DE REICHSHOFFEN
(extrait du site Web http://home.sprynet.com/~bernie06/famtree/reichshoffen-translation.html)

Le témoignage juif est actuellement très faible dans cette ville, c'est pourquoi la synagogue n'est plus opérationnelle (juste de façon occasionnelle, célébration d'un enterrement ...). Mais il existe des traces du passé qui témoigne d'une forte présence juive. Les premiers écrits remontent au 15ème siècle, et depuis il a existé des juifs à Reichshoffen.
Au 16ème siècle, Reichshoffen pouvait comptabiliser environ 500 habitants, il n'y avait pas de synagogue (la célébration juive n’était pas autorisé officiellement),
mais on peut imaginer que le culte juif était clandestin.

En 1729, il reste 20 familles juives dans la ville de Reichshoffen et en 1784, 39 familles comprenant 175 personnes.
En 1763, Reichshoffen est une ville prospère (avec un revenu de 3422 livres, principalement de la location des champs, des pâturages et des forêts. La location des places, le jeudi, sur le marché et les foires de Saint-Georges et de Saint-Michel représentent un revenu de 60 livres. En ce qui concerne les juifs, ils payent 160 livres de droit de pâturage.
En 1810, il y a à Reichshoffen : 2346 habitants (2112 catholiques, 23 protestants, 5 calvinistes et 206 juifs), 4 Étrangers et 47 soldats.
En 1851, selon la loi de l'article 27 du 15 mars 1850, une école privée d'israélite est mise en application sur le deuxième niveau de la maison située au n° 164 de la rue dite "Hauptgasse" (rue principale) ou aussi appelé la "rue du Temple".

Le premier professeur était Moïse Gimpel, remplacé en novembre 1851 par Samuel Weill. L'école a été dirigée par Gabriel Loeb du 4 mai 1854 jusqu'en 1888, quand il a été remplacé par Abraham Levy. Le nombre d'enfants était : 41 de 1855, 53 de 1856, 52 de 1866, 39 de 1873. Quand l'école a été fermée en 1919 il restait 6 enfants, la population juive s'est régulièrement développée pour atteindre 260 personnes en 1848. Avant la seconde guerre mondiale, ils étaient 145, et après la guerre de 1939-45 seulement dix et aujourd'hui aucun ...



LES MEMOIRES D'ASCHER LEVY
Ascher LEVY de Reichshoffen, Mémoires (1598-1635)


Extrait des écrits originaux d'Ascher Lévy (1635).


Un manuscrit écrit en hébreux intitulé "les mémoires d'Ascher LEVY à Reichshoffen 1593-1635" et traduit en allemand par le Docteur Moïse GINSBURGER en 1913, puis en français par Ernest KALLMANN, nous relate, entre autres, les atrocités de 1633 qui frappaient les juifs et les non juifs à Reichshoffen.

Ces écrits illustrent les conditions matérielles et économiques de l'époque, Ascher LEVY précise qu'elles sont "en mémoire des événements et des tribulations qui m'ont frappé ainsi que toute ma famille". Souvenirs avant la guerre de 30 ans et se terminent pendant ce même conflit.

Ascher LEVY (Asher signifie bonheur, heureux, béni en hébreu, le nom de Lévy est aussi orthographié Léfi, Léfy, Lévis, Lévy, Lévi, Lewi, Lewies, c'est l'ancêtre d'une des douze tribus des israélites) rabbin en Alsace, est né le 4 septembre 1598 au village d'Alesheim (anciennement Olesheim ou Ollisum, environ 430 habitants) dans le pays de l'Altmühl (c'est un affluent de la rive gauche du Danube près de Rotenburg en Allemagne), fils d'Eliézer ha-Levi de Reichshoffen.


Le village Alesheim (en Allemagne) avec la rivière Altmühl.


A peine un an d'âge, en 1599, le père d'Ascher LEVY quitta le pays natal et fit domicile en France, dans la communauté juive de Metz (soit un déplacement de plus de 500 km), pour s'établir dans le village d'Erstroff canton de Forbach, soit à 60 km de la capitale Lorraine.

Dans ce village, à l'âge d'un an, le bébé Ascher Lévi étant assis devant un feu à côté de son père et de sa mère, est tombé dans les flammes, sa peau et sa chair ont été asséchés. Il aurait pu brûler entièrement (mais Dieu l'a gardé souligne-t-il plus tard). Tout au long de ses écrits il fait mention de son Dieu auquel il est si précieusement attaché.

Sa soeur Youtélé est née le 18 mars 1601, à ce moment Ascher Lévi avait à peine 2 ans et demi.

A l'âge de 6 ans, son père lui enseigne l'alphabet hébraïque et la foi au Dieu d'Israël.

Le déménagement s'effectue en 1603 d'Erstroff à Bannay (anciennement Bizingen dans le canton de Metz) appartenait à la seigneurie luxembourgeoise de Rollingen.

A 10 ans son petit frère vînt au monde, Kalman Lévi né le 23 août 1608 à Bannay.

La seconde soeur est née en juillet 1612 également à Bannay et s'appelle Fayerlé.

Le 3 septembre 1612, Ascher Lévy quitte à 14 ans la maison de son père à Bannay pour se rendre dans un autre pays (la Tchécoslovaquie, précisément à Prague) pour y étudier la Torah, après la souffrance de quelques malheurs, sûrement liés au fait d'être juif, il suit l'enseignement religieux.
Seuls des fils de familles aisées pouvaient étudier auprès des maîtres talmudistes en Allemagne, à Metz etc.

A 15 ans, il est instituteur à Heusenstamm près de Francfort.

Il raconte que le 26 mars 1614, il est avec son ami Moché en pleine forêt entre Mengburg et Rastenhausen (Ratzenhofen) quatre brigands armés les assaillent et prennent tous leurs objets de valeur (situation typique de l'époque, des bandes de brigands se formaient pour voler les passants dans les forêts et ailleurs ...).

Le 27 février 1615, il quitte Prague pour l'école talmudique de Pressnitz (Prsecnice près de la frontière allemande).
A Prague, il a sûrement fréquenté la plus ancienne des synagogues en Europe appelée "Vieille-Nouvelle" elle s'appelait initialement "Nouvelle Ecole",
de style gothique primaire, fondée en 1270 !

En 1616, il retourne à Alesheim dans son village natal en tant qu'instituteur. Durant cette période il est malade de la fièvre quarte, une fièvre intermittente dont les accès reviennent tous les trois à quatre jours.

A l'âge de 19 ans et 18 jours il retourne cher son père et sa mère à Bannay.


Ascher Lévy s'installe à une bonne centaine de kilomètres de Bannay, à Reichshoffen.

Le 26 mars 1620, Ascher LEVI se trouve dans la ville de Reichshoffen et s'engage à épouser la jeune Malka (Malka, signifie Reine en Hébreu), fille de Eliézer dit Lipmann (Lipmann est l'équivalent de l'hébreu Eliézer ou encore Lazare). L'événement est concrétisé deux ans plus tard, le 9 novembre 1622, Ascher Levi épouse Malka fille d'Eliézer Lipmann Reichshoffen. Il a 24 ans et sa femme n'a que 15 ans.

Il raconte que le 28 juillet 1623, alors qu'il était en route pour Metz avec une charrette chargée de toute sorte de monnaies (sûrement des offrandes et monnaies de rachats de la loi juive). A Metz il fut emprisonné pendant 5 jours suite à une dénonciation et il perdit plus de 20.000 florins. Ascher LEVY mentionne souvent la perte ou le vol d'argent, les juifs étant déjà considérer comme un peuple plus riche que la moyenne.


La peste
Peste : maladie des rongeurs, se transmet d'un rongeur à un autre et à l'être humain par l’intermédiaire des piqûres de puces infectées.



Rappel : entre le 14ème et le 17ème siècle, la grande peste ravage l'Europe et l'Asie. Elle provoque la mort de 75 000 000 personnes en Eurasie, fait 40 000 victimes à Paris en 1450, 75 000 à Londres en 1665, 76 000 à Vienne en 1679 et près de 10 millions aux Indes entre 1896 et 1917.
Aujourd'hui, la peste menace encore de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. En 1999, 14 pays ont notifié à l’OMS 2 603 cas (dont 212 mortels).


En 1624 et 1625, la peste se renforçait et se répandit toujours davantage dans toute la France. Elle avait débuté dans la seigneurie de Westerburg en général (seigneurie d'Oberbronn) et à Oberbronn en particulier. Elle commença en avril 1625 et s'étendit de là vers les autres villages. Il en mourut des centaines et des milliers et à Reichshoffen Ascher LEVY la qualifie d'assez violente. Le 12 mars 1626, il dit que la peste fut très forte, la mort était à sa fenêtre et l'entourait de toute parts, il a dû voir les humains délirer à cause de cette maladie qui évoluait rapidement vers la mort.
En janvier 1629, la peste tua plus de cent personnes à Reichshoffen et près d'une cinquantaine de maisons furent infectées.
Durant ce temps, les gens cherchèrent un lieu de refuge pour échapper à l'épidémie, mais on ne trouva pas toujours un abri loin du fléau.

Le 8 décembre 1625, il échappe encore une fois à la mort (il y échappait déjà à l'âge de 1 an et durant la grande peste), alors qu'il se rendit seul à cheval depuis Pfaffenhoffen à Reichshoffen, il s'était perdu. Il traversa la rivière face à la maison des lépreux (la léproserie Altkirch à Reichshoffen) pour dépasser l'étang; alors que la rive était plus haute, son cheval chuta en arrière l'entraînant dans la chute, sa tête et la moitié de son corps tombaient dans l'eau et la boue. Submergé par l'eau il pu s'en sortir en se retenant aux branches des saules, heureusement que le cheval n'était pas tombé sur lui, la reconnaissance était pour Dieu.

Le 14 avril 1626, Ascher LEVY acheta une maison à Reichshoffen, il y fit des travaux de consolidation et emménagea le 24 juin de la même année, mais à partir de là il fut très endetté.

Eté 1626, après beaucoup de pluie, il y eut beaucoup de blé dans le pays, de la ville de Wissembourg jusqu'à Bâle, il n'y eut pas tant de mémoire d'homme. Il y eut aussi beaucoup de fruits et de l'abondance en toutes choses.
A Bannay, voyant son père affaiblit par la maladie il lui demanda de venir habiter à Reichshoffen avec sa soeur Fayerlé afin de mieux s'occuper de lui (le 28 octobre 1626).

Le 26 décembre 1626, sa femme Milka âgée de 19 ans mis au monde une petite fille Hindelen (prénom inspiré de celui de sa mère Hindel décédée).

En septembre 1627, Ascher LEVY mentionne qu'il habitait à Reichshoffen à l'intérieur des murs, sous entendant ainsi que la ville était entourée de remparts.
En 1627 son père meurt à Reichshoffen en pleine période de la guerre de 30 ans.


Des remparts de fortification existent encore de nos jours à Reichshoffen.


En 1628, il y eut une grande inondation à Reichshoffen avec une très forte grêle et un orage, occasionnant d'importants dégâts dans tout le secteur, dans les villes et villages alentours.
Cette même année, fut imposé aux juifs des taxes supplémentaires, par exemple le paiement d'une taxe pour enterrer un corps juif …

Le 20 septembre 1628, à l'âge de 29 ans Ascher LEVY est désigné Rabbin
"ayant le pouvoir de mener le peuple de Dieu aux sources de l'eau vive en Basse Alsace ..."

Les années 1627 et 1628 s'étant écoulées sous la pluie, à Reichshoffen tout a pourri, presque tous les produits de la terre ainsi que les fruits des arbres n'étant pas parvenus à maturité. La vigne ne mûrit pas et causa un dommage inestimable au pays.

Le 15 juin 1629, Malka LEVY (22 ans) accoucha d'un petit garçon Eliézer (le même prénom que son défunt père et le nom de la descendance du côté de la mère). Ascher était un rabbin heureux et comblé, il organisa une fête de circoncision pour 33 personnes. Il y avait de la viande et du pain, du bon vin, des oies gavées et des coqs gras. A cette époque les reichshoffenois étaient pourtant pauvres et malheureux. Le peuple juif de par sa solidarité devînt plus aisé.

Le 28 juin 1629, Ascher transfère son domicile, il craignait à cause du cours d'eau (le Falkensteinbach) qui coulait devant sa porte que ses deux enfants pourraient tomber dans le ruisseau. Une autre raison était le bruit et le vacarme que l'eau faisait à cause du moulin à proximité, même en criant on ne s'entendait pas. Wagners Tievold un employé de la commune lui loua sa demeure.

En septembre 1629, arriva à Reichshoffen le bailli Jacob de Wangen, que Ascher LEVY qualifie "d'homme horrible".

Sept années depuis son mariage il déménagea à huit reprises.

Octobre 1630, durant cette génération on ne se souvenait pas avoir vu de telles quantités de vin en une seule année, tellement les vendanges furent surabondantes.

Dans sa maison, Ascher y a installé une petite pièce pour y étudier et prier régulièrement avec toute sa bibliothèque.
Un petit four fut bâti pour y cuire les pains sans levain des juifs.
Une petite salle de bains pour lui-même derrière le poêle d'hiver. Plus tard il construira une clôture et une muraille autour de sa maison.


Un rabbin en prière.

Début d'année 1632, siège de l'armée suédoise à Reichshoffen, le chef Rolllinger vînt avec sa cavalerie et se lança contre la population pour la tuer, détruire, briser et brûler dans la nuit du mercredi 20 février 1632.
A cette époque la guerre faisait rage, une grande misère régnait dans la région et dans le pays, de peur Ascher envoi sa femme et ses enfants avec ses biens de Reichshoffen à Oberbronn. L'armée des Suédois arriva un dimanche pour assiégé Reichshoffen.
Mais ils repartirent le lundi suivant car les reichshoffenois les ont poursuivis et leur ont infligé une grande défaite.

En 1633, début d'année il y eu de la pluie et du vent, des tempêtes qui ont « arraché des montagnes » et déraciné les cèdres, personne ne se souvient de telles quantités d'eau, beaucoup de gens et de bétail périrent.

A cette époque il y avait à Reichshoffen une centaine de cavaliers de l'armée impériale. L'armée avait fait prisonniers deux personnes de grande importance de l'armée suédoise.

En 1632, Ascher LEVY se trouva chassé avec d'autres juifs de leur maison et démunis de leurs biens, sans pain, ni vêtement à cause de la colère du siège de Haguenau. Les juifs de la région étaient en grande peine.
Redevenu un peuple nu, sans armes et sans repos dont le seul défenseur était le Dieu d'Israël.

Dès ce moment, il est plus souvent à Oberbronn, mais les juifs étaient réduit à la pauvreté et furent très attristés. La communauté juive de Metz était venu en soutient financier pour les démunies des Vosges du Nord. Par dessus tout cela la peste éclata à nouveau à Oberbronn. En huit jours, cinq personnes en sont mortes et deux autres ont été atteints. Sa fille Hindel commença à se plaindre de maux de tête...


Manque d'entretien de la synagogue à Reichshoffen,
la végétation et le lierre deviennent envahissant.


Tout recommencer à zéro !

Le 15 Août 1633 Ascher retourne à Reichshoffen dans sa maison avec toute sa famille, mais il l'a trouvait saccagée et détruite, les fenêtres brisées, le poêle et le fourneau démolis, tous les ustensiles en bois jetés à terre. Le reste des maisons juives était complètement dévastées. Pendant la période octobre 1633, les vols et les violences de la part de l'armée de Haguenau se généralisèrent dans tout le pays autour de Reichshoffen, en particulier à Oberbronn. En l'espace de huit jours, l'armée vint à six reprises, pour voler et emporter de là plus de 200 voitures et charrettes chargées de tout les biens, et aussi les biens des juifs.
Par ailleurs, des disputes s'engagèrent contre les juifs les traitant d'assassins ...


Incendie et pillage d'un village durant la guerre de 30 ans (gravure de Jacques Callot).


Le 19 septembre 1634, revenant du marché de Woerth, Ascher rencontre 12 cavaliers de l'armée suédoise et lui prennent tout ce qu'il avait 21 florins en or et d'autres pièces sans toutefois l'agresser physiquement.

Ascher eut encore un autre enfant Meïr LEVY...

Le livre chronologique se termine, sans conclusion, sur un arbre généalogique.

On pourrait penser qu'il a cessé d'écrire les mémoires suite à un ou plusieurs évènements malheureux dans sa propre famille !


Vous pouvez vous procurer ce livre en français dans son intégralité, au prix de 22,50 € sur le site Web :
http://www.genealoj.org/Formulaire/bull_souscr.htm


En 1630, la nation d'Israël n'existait pas encore elle était dispersée dans le monde entier,
ici le mur de Jérusalem, un mélange de vieilles et nouvelles pierres nous rappelle une certaine pérennité.


"Oh Seigneur ! Pardonne-nous d'avoir
mal accueilli le peuple juif à Reichshoffen !"



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