DANS LA
CITE THERMALE
DES
DECOUVERTES


Niederbronn n'est pas un bain nouveau; son existance
remonte à plus de 2000 ans, et il paraît hors de doute
que les propriétés médicales de ses eaux étaient
déjà connues des Romains. Du temps des Romains, on
ignore l'ancien nom porté par cette localité.
En 1592, lors d'un nettoyage des bassins on retrouva
près de 300 médailles et monnaies romaines qui avaient
été jetées dans les bassins en reconnaissance sans
doute des bons effets obtenus par l'usage des eaux, ou
bien pour se rendre les divinités thermales favorables.
L'origine romaine de l'établissement de Niederbronn nous
est encore prouvée par d'autres débris trouvés non
loin des sources et portant le cachet de ses
conquérants.

En 1717, on a découvert près de la source, un cippe
quadrilatère sur lequel sont figurés en relief Mercure,
Minerve, Hercule et Apollon, ce dernier tenant d'une main
son arc et de l'autre une lyre et déposé au musée
antiques de Strasbourg.
En 1845, en creusant les fondations de l'école
catholique des filles on a trouvé les restes non douteux
d'un laconium.

C'était une aire formée par de larges carreaux de terre
cuite recouverts d'une couche de ciment dont les angles
reposaient sur des colonnettes en brique, au-dessus
s'arrondissait une voûte en maçonnerie d'une faible
élévation. A quelques pas de là, près de l'école des
garçons, on a découvert des conduits en pierres de
taille et en plomb, le tout ayant probablement fait
partie d'un seul établissement thermal.
Quelques années auparavant (1838), en creusant les
fondations de la maison Langenhagen, on avait mis à jour
deux magnifiques bas-reliefs:
l'un représentant Pallas avec la lance et le bouclier;
la déesse est vêtue d'une tunique sur laquelle retombe
la stola, et porte au cou une torque d'une énorme
grosseur; cette belle pièce se trouve au Herrenberg.
L'autre bas-relief a la forme d'un rectangle de 42
centimètres de haut sur 24 centimètres de large et 10
centimètres d'épaisseur. Il figure, taillées dans le
creux, une Vénus et une Abondance. Ce groupe, qui
paraît remonter à la fin du troisième siècle, était,
jusque dans ces derniers temps, entre les mains de M. E.
de Dietrich, qui a bien voulu en faire cadeau au musée
d'archéologie de Niederbronn (salle principale de la
mairie).
On a encore trouvé à Niederbronn les objets suivants:
1er objet, un fragment de colonne sur lequel on lit:
IOM
AVGVST
VRSVLV
TAVG
2ème objet, un bas-relief de 50 centimètres de haut sur
30 centimètres de large déterré en 1760 et
représentant une Pallas casquée avec la lance et le
bouclier; à sa gauche est une chouette (musée de
Strasbourg);
3ème objet, un grand autel dont les inscriptions sont
illisibles. Ce morceau a été déterré en 1826, à peu
de distance des sources;
4ème objet, un bas-relief, découvert en 1772,
représentant un guerrier à cheval vêtu d'une chlamyde
et tenant une hache; il traîne à sa suite un prisonnier
(musée de Strasbourg);
5ème objet, un fragment de bas-relief où l'on voit la
partie supérieure du corps d'un homme vêtu d'un sagum,
et qui porte de la main gauche une torche allumée;
au-dessus de sa tête, on distingue les lettres:
... O . ET . FO ...
...AE . S . SA ...
(Herrenberg.)
6ème objet, une maintenant un caducée et divers
fragments provenant sans doute d'une statue de Mercure en
pierre de grandeur naturelle;
7ème objet, un praefericulum en cuivre et un vase apode
de même métal à fond sphérique et à ouverture
trigone (cabinet du docteur Schuceringer);
8ème objet, une tête d'homme barbu, coiffée d'un
bonnet phrygien, et une tête de femme surmontée d'une
auréole, probablement la déesse des eaux. Ces deux
pièces se trouvent au musée de Niederbronn.
Lors du congrès archéologique de France, tenu à
Strasbourg en 1859, M. le curé Siffer et M. Heitz, ont
la complaisance de conduire le Docteur Kuhn dans le
jardin de M. SITTER, situé hors la porte d'Austerlitz,
où il possède un monument romain qu'il a acquis de M.
le docteur Clausing, qui, à son tour, l'avait reçu de
Niederbronn où il fut déterré près des sources
minérales vers la fin du premier Empire ou au
commencement de la Restauration; c'est une pierre cubique
où l'on remarque sur la face supérieure un bassin rond
en forme de patère, et dont les quatre faces latérales
ne portent aucune sculpture... Une de ces faces est
ornée d'une inscription, éraillée en plusieurs
endroits, rendue mi-fruste par le temps, et devenue à
peu près illisible.
Voici les caractères distingués dans la première ligne
:
DI ... AI ... IN
Schoepflin, dans une note au bas de la page 238 du tome
II, et Oberlin, dans son Museum Schoepflini, page 20,
édition de 1770, font mention d'un bas-relief, figurant
Pallas, trouvé à Niederbronn vers 1760. D'après un
dessin donné par Oberlin il a une hauteur de 50
centimètres sur une largeur de 30 centimètres. Minerve
a la tête coiffée d'un casque; elle tient le bouclier
de la main droite et la lance de la main gauche. A
l'angle supérieur de droite on aperçoit un oiseau qu'il
faut prendre sans aucun doute pour une chouette. Une
ample draperie, dont une partie est relevée sur le bras
gauche, enveloppe la statuette à partir de la ceinture.
Qu'est devenu ce monument ? Schweighaeuser rapporte qu'il
se voyait, de son temps, dans le cabinet d'antiquités de
Strasbourg ; on ne l'a remarqué nulle part (Siffer,
Antiquité romaine de Niederbronn, page 6).
En 1864 on a découvert, dans la rue dite Kreutzgasse
(propriété du sieur Bender), une écuelle romaine en
bronze et plusieurs conduits en pierres de taille,
parfaitement conservés, destinés probablement à mener
à l'établissement thermal (occupant l'emplacement de
l'école des filles) l'eau des sources du voisinage.
Au mois de mai 1865 on a trouvé, dans la propriété du
sieur Alexandre Kahn, une soixantaine de monnaies et de
médailles en argent frappées à différentes effigies.
La plupart de ces pièces remontent aux seizième et
dix-septième siècles; parmi ces monnaies nous avons
remarqué celles de Philippe II, de Rodolphe Il (1608),
de trois princes saxons, de Henri III, roi de France et
de Pologne, de plusieurs papes, de seigneurs du pays ! M.
l'abbé Straub (Société pour la conservation des
monuments Historiques d'Alsace. - Séance du 12 juin
1865) qui a fait l'acquisition de quatorze de ces
pièces, expose sur le bureau les plus intéressantes
d'entre elles; ce sont : un écu de Charles, cardinal de
Lorraine, évêgue de Metz (1578-1607) et de Strasbourg
(1592-1607); deux écus frappés à Bologne à l'effigie
de Pie IV (1565-1669); trois pièces frappées dans la
même ville sous le pontificat de Pie V, à l'effigie de
ce prince (1566-1572); un florin de Lucerne et un autre
de Zug. Le premier offre le buste de saint Léger, le
second, celui de saint Oswald, avec la belle légende du
revers: CVM. HIS. QVI. ODE (runt) PAC (em) cram PACI
(ficus). M. Straub rappelle à ce propos qu'un grand
nombre de villes ou de cantons suisses marquaient
autrefois leurs monnaies de l'effigie d'un saint,
considéré comme patron du lieu ou de la contrée.
Nous n'en finirions pas, si nous voulions
mentionner toutes les antiquités trouvées à
Niederbronn, car, ainsi que le dit Schoepflin, aucune
partie de l'Alsace ne contient autant d'antiquités
romaines que nos environs.
Au cinquième siècle de notre ère, notre contrée eut
à subir plusieurs invasions de barbares;
l'établissement de Niederbronn fut brûlé, comme le
prouvent les masses de charbons qu'on a trouvées à
côté des débris des bains romains. Au moyen âge,
Niederbronn était un fief impérial que les landgraves
de l'Alsace cédèrent, en 1330, aux Ochsenstein; à
l'extinction de cette famille, ce fief devint la
propriété des comtes de Deux-Ponts-Bitche, En 1541, ce
domaine fut considéré comme allodial, et échut, ainsi
qu'Oberbronn, à la comtesse Amélie; mais les tuteurs de
cette dernière le rendirent à son oncle, le comte
Jacques, et il passa, avec les autres possessions de
cette maison, aux comtes de Hanau. En 1592, le comte
Philippe V de Hanau, ayant été guéri de la goutte à
Niederbronn, fit restaurer par reconnaissance les bassins
des deux sources, et ordonna la construction d'une maison
de bains. Niederbronn resta la propriété des
descendants de ce comte jusque dans les premières
années du dix-huitième siècle. Des réclamations
faites au milieu du seizième siècle par le comte de
Linange-Westerbourg, qui trouvait que les intérêts de
son épouse avaient été lésés par cette vente,
donnèrent lieu à un procès qui ne fut décidé qu'en
1667 en faveur de ses descendants, et le jugement ne fut
mis à exécution qu'en 1709, époque à laquelle il fut
confirmé par le conseil souverain d'Alsace. Enfin, dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle, en 1764,
cette seigneurie fut achetée par M. le baron de
Dietrich, qui contribua, par son zèle et son argent, à
l'embellissement et à la prospérité de la localité.
Malheureusement, la révolution enraya pendant quelque
temps toute espèce de progrès, et ce n'est réellement
que depuis 1845 que Niederbronn a pris l'extension que
lui assigne l'importance de ses eaux (Voyez
Schweighaeuser, Antiquités d'Alsace). En 1865, ce qui
aurait donné une grande impulsion à cet établissement
thermal, c'est l'ouverture de la ligne du chemin de fer
qui relie Niederbronn à Haguenau. Plus tard, la voie
ferrée sera continuée sur Bitche, Sarreguemines et
Thionville et nous mettra, par conséquent, en
communication directe avec le département de la Moselle.
Niederbronn possède un bureau télégraphique en 1866.
La commune de Niederbronn a de l'importance,
non-seulement comme station thermale et comme chef-lieu
de canton, mais encore comme point central des forges du
Bas-Rhin. Toutes ces usines métallurgiques, qui forment
sans contredit un des plus beaux établissements de
France, appartient à la famille de Dietrich; elles se
composent des forges proprement dites de Zinswiller, de
Jaegerthal, de Mouterhausen (Moselle), des fonderies de
Niederbronn et de Mertzwiller, de l'atelier de
construction de Reichshoffen. Niederbronn est le berceau
de la congrégation des filles du Divin-Rédempteur. Le
couvent situé dans la nouvelle avenue, non loin de la
promenade centrale, se compose d'un grand corps de
bâtiment et de deux autres corps de logis d'une moindre
importance. Au bâtiment central est attenante une belle
chapelle gothique dont l'intérieur est en parfaite
harmonie avec l'extérieur; on remarquera surtout les
vitraux peints et l'autel en marbre blanc, noir et rouge,
qui est dans le même style que l'édifice. À peine
établi depuis seize ans, le couvent compte un grand
nombre de succursales, tant en France qu'en Allemagne.
Les soeurs de Niederbronn ont pour mission de secourir
les pauvres et de soigner les malades à domicile sans
distinction de sexe, de classe, d'âge et de culte. La
ferme que l'on voit à l'entrée de la commune en
arrivant de Reichshoffen, fait également partie du
couvent.
Extrait
du livre du Docteur KUHN "Niederbronn et ses
environs" paru en 1866.

Une synagogue, édifiée en 1833 d'après l'inventaire de
1843, nécessitait des réparations à cette époque, et
s'avérait trop petite. Le bâtiment étant dans un état
de délabrement et menaçant ruine, il sera fermé au
culte en janvier 1862. Les offices se dérouleront alors
chez des particuliers. Une nouvelle synagogue est
construite en 1863, et inaugurée le 22 septembre 1869.
Elle sera saccagée durant la seconde guerre mondiale.
A la Libération, seul un petit oratoire sera aménagé
dans le bâtiment, l'intérieur restant dans son état de
désolation jusqu'à nos jours.

La synagogue a été désaffectée récemment, le
bâtiment ayant été vendu à la commune en 1989. Une
cérémonie d'adieux s'y est déroulée le 21 avril 1991.
informations receuillis sur le site web de l'histoire
juive
www.sdv.fr/judaisme/synagog/
basrhin/g-p/niederbr.htm

|