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DECOUVERTE

Le
panorama de Reichshoffen
Une sorte de musée ambulant à la
mémoire de la guerre de 1870.
Il se présentait sous la forme d'une rotonde
panoramique, ce mémorial de Reichshoffen
comportait, à la base de son toit conique, une zone
vitrée circulaire éclairant, par en
haut, une immense toile peinte déployée à l'intérieur
sur 360 degrés, dessin en continu.
Au centre, on trouvait la plateforme surélevée d'où le
public contemplait l'oeuvre. Il
n'aperçevait pas la limite inférieure de la toile,
cependant qu'un parajour situé au dessus
de la plateforme lui en dissimulait le bord supérieur,
ainsi que la source de lumière.
Devant ce tableau sans limites perçues, vivement
éclairé et observé depuis une zone
ombreuse, le spectateur avait l'illusion de la réalité.
Le Panorama voulait créer l'illusion
absolue de la réalité et nous transportait "en
pleine Alsace".

Coupe de la rotonde parisienne
(située 251 Rue Saint Honoré), 1882.
A cette même place, se trouvait le
Nouveau Cirque en 1886.
La peinture qui représentait le glorieux épisode des
Cuirassiers de Reichshoffen a été
exposée pour la première fois dans la rotonde
parisienne située au numéro 251 de la rue
Saint-Honoré, en novembre 1881.
A Paris,
C'est en fait : l'ancienne salle Valentino qui fut
transformé et prolongé par le panorama.
Le Panorama avait été placé au centre même de la
capitale, dans un quartier riche et
populeux, où les étrangers affluaient en toute saison,
représentait un épisode de l'année
terrible, La Charge des Cuirassiers de Reichshoffen.
Le batiment avait été conçu par l'architecte
"Charles Garnier qui s'était immortalisé par la
construction de l'Opéra", la toile intérieure
était exécutée par, MM. Poilpot et Jacob.

Le salon du Panorama de
Reichshoffen, était la salle du batiment d'à côté et
était utilisé pour les expositions de peintures.
Il est fort possible que la Brasserie de Reichshoffen se
trouvait dans les alentours de la
Rue Saint Honoré au lieu du Boulevard Rochechouart !
Il semble, que c'était une rotonde démontable qui avait
fait le tour de plusieurs grandes
villes françaises.
Les "Cuirassiers de Reichshoffen" était
souvent en circulation.
Revenus de Lyon où ils étaient partis en 1885, ils sont
exposés avenue de La Motte Piquet.
Après le séjour à Lyon, elle est revenue à Paris pour
l'Exposition de 1889.
En 1890, un accident survenu à la Rotonde endommagera la
toile que Poilpot ira réparer à
Bordeaux où elle est devenue, semble-t-il, la
propriété de Monsieur Garcin qui l'exploitera
à Marseille, place Castellane en 1893, avant de
l'installer, en mai 1896, à l'Exposition de
Montpellier.
Le Panorama de la Bataille de Reichshoffen qui arriva à
Montpellier au mois de mai 1896
était un authentique panorama, ce terme désignant à la
fois une peinture circulaire
immense et la rotonde centrale capable de la contenir. En
dépit de l'originalité de ce
spectacle pictural, aussi oublié aujourd'hui qu'il fut
célèbre et répandu au 19ème siècle.
L'Exposition connaît un certain succès dont témoignent
les 10.000 abonnements, et ces
journées où l'on enregistre, hors des abonnements, 9000
entrées.

Gravure de 1896 parue dans "Le
Petit Parisien" (collection privée SB).
L'Exposition de Montpellier a été détruite par un
violent incendie qui s'est déclaré au
Panorama de Reischoffen.
Mais à Montpellier, le mardi 18 août, à 4h10 du matin,
le gardien de nuit du Panorama de
Reichshoffen, pris par une flamme à la main, bondit hors
de sa couchette et se jette au
dehors en criant : "au feu !". Déjà, le
Panorama brûle. Il communique l'incendie aux
principaux pavillons qui brûlent à leur tour. Aucune
victime à cause de l'heure, mais, tout
de même, un retentissement dans la Presse nationale
devant l'ampleur du désastre.
Une rumeur circule, mettant en doute le caractère
accidentel de l'incendie du Panorama
dont la situation financière aurait été très critique
!

Vue intérieure de la fresque.
Des manequins en cire étaient
posés à terre, donnant une impression de réel.
Descriptif de l'époque du Panorama
de Reichshoffen :
Ce Panorama qui mesure une circonférence de 100 mètres
(soit environ 30 mètres
de diamètre) sur une hauteur de 12 m 50,
était certainement une (les plus belles attractions que
l'on pouvait visiter à l'époque.
C'est M. Théophile Poilpot qui en a peint les figures,
tandis que le paysage a été exécuté
par M. S. Jacob. Les deux artistes ont réussi à
produire une oeuvre des plus émouvantes.
L'héroique charge vient d'avoir lieu, les quatre
régiments qui y ont pris part ont été
écrasés; l'ennemi, que leur héroisme n'a pu arrêter,
s'avance en masses profondes, tandis
qu'un petit noyau de braves de toutes armes résistent
encore; ils sont sans espoir et n'ont
qu'une pensée; ne pas survivre à la défaite.
Cet épisode superbe a été admirablement reproduit par
M. Poitpot: les Allemands
s'avancent, confiants dans leur nombre, fiers du
succès..., mais devant le furieux accueil
qu'ils reçoivent, ils hésitent, ils semblent penser que
"ce n'est plus du jeu" comme disent
les enfants... Ne sont-ils pas les plus forts ?... Dès
lors, que ne leur laisse-t-on poursuivre
leur mouvement stratégique ? ... Mais ces enragés de
Français se soucient peu de la
stratégie en ce moment: ils fusillent, ils éventrent,
ils assomment les fantassins aux
barbes blondes. Mais c'est un dernier éclair, bientôt
tout sera fini. Il y aura dans la
houblonnière quelques cadavres de plus !
Un peu à droite, à quelquess mètres de la colonne
prussienne, gisent les lamentables débris
des corps magnifiques qui, il y a quelques instants,
couraient à la mort aux cris mille fois
répétés de "Vive la France !"; ici, les
figures, exécutées avec un réalisme saisissant,
donnent une impression poignante..
Mais je ne puis songer à faire description complète,
même sommaire, de l'oeuvre magistrale
de M. Théophile Poilpot, dont l'ensemble, fort
habilement coordonné, comporte une
multitude de scénes épisodiques du plus haut intérêt.
Ce spectacle d'une bataille constitue
une sorte de vue collective de tous les épisodes, dont
chacun reste, pour le soldat qui y a
été mélé, le seul souvenir qu'il garde d'une action
dont il n'a pu voir qu'un détail.
Si, après avoir longuement contemplé l'oeuvre de M.
Poilpot, on se recueille un moment,
on se sent envahi par un sentiment complexe. où il y a
de la tristesse et de l'espérance:
aux sombres jours de l'année terrible, la patrie
malheureuse a vu se produire de tels
dévouements... pourquoi les fils ne vandraient-ils pas
les pères ? C'est à l'école du
malheur que les âmes se raffermissent... Ayons donc
confiance!
(Copyright Bernard SCHMITT)


Affiche de l'inauguration du
Panorama de Reichshoffen à Paris.

SOURCE DES INFORMATIONS
"Une saison Lumière à Montpellier"
livre de Jacques et Marie ANDRE

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